La situation politique et économique de la Suède

La situation politique et économique de la Suède

Dimanche 20 septembre 1998

Lors du scrutin du 20 septembre 1998, les Sociaux-Démocrates ont perdu 8,8 % de leurs voix par rapport à 1994. Avec 36,5% des suffrages, le gouvernement de M. Göran Persson est obligé de s'appuyer au Parlement sur le Parti de la Gauche (ex-communistes), qui a enregistré un score historique (12% des voix), et sur les Verts.

A droite, contrairement aux Chrétiens-Démocrates, qui ont connu une progression très forte (+27 sièges), les Conservateurs de l'ancien Premier ministre Carl Bildt n'ont pas su tirer de bénéfice du mécontentement des électeurs. Ils demeurent toutefois la deuxième force politique du pays. Tirant les conclusions du résultat des élections européennes, M. Carl Bildt a démissionné au profit d'un proche, Bo Lundgren, ancien ministre des Finances.

Confronté au printemps 1999 à la lente érosion de sa popularité, le Premier ministre a su rebondir. Il s'est notamment prévalu des bons résultats de l'économie suédoise, de l'adoption de certaines mesures difficiles (réduction drastique et restructuration des forces armées, modernisation de la gestion des entreprises publiques), et de prises de positions courageuses sur le rôle de la Suède pendant la deuxième guerre mondiale comme sur la lutte contre la violence d'extrême-droite aujourd'hui.

La politique européenne du gouvernement Persson est placée sous une triple contrainte, interne au PSD, parlementaire -où les alliés Verts et du Parti de la Gauche demeurent réservés vis-à-vis de l'approfondissement de la construction communautaire, voire au maintien du pays dans l'Union-, et populaire, puisque l'opinion continue à manifester son peu d'enthousiasme voire sa défiance par rapport à l'Europe (taux de participation au scrutin européen de juin 1999 le plus faible de l'histoire du pays : 41%).

S'agissant de la participation à l'Union économique et monétaire, M. Persson a déclaré à la presse en décembre 1999 que l'adhésion suédoise était inéluctable. Le Parti social-démocrate a enteriné la décision du Premier ministre, en se prononçant à l'occasion d'un Congrès extraordinaire en mars 2000 en faveur de l'adoption de l'euro. Le PSD a toutefois assorti son vote de trois conditions : attente d'une phase de concordance des cycles économiques en Suède et dans la zone euro, introduction d'une plus grande flexibilité dans la formation des salaires afin de sauvegarder la compétitivité de l'économie suédoise et tenue d'un réferendum populaire sur le sujet. Ni le parti, ni le gouvernement ne se sont toutefois prononcés sur un calendrier et il est vraisemblable qu'aucun référendum sur le sujet ne sera organisé avant les élections de mars 2002.

Situation économique
Si, dix ans après la fin de la guerre froide, la Suède connaît une certaine crise de son modèle social et de son identité politique, son économie est en revanche florissante. La Suède est en forte croissance (3,6 %), l'inflation est faible (0,9 %), le budget de l'Etat dégage un excédent équivalent à 2% du PIB et le chômage est en baisse (8,7 % en incluant les personnes en formation). Le secteur privé et la société civile se sont engagés avec enthousiasme et succès dans le développement des technologies de l'information et de la communication, au point que la Suède est régulièrement présentée par la presse internationale comme la Silicon Valley européenne. Il est vrai que 55% des Suédois disposent d'un accès à l'Internet, que les dépenses de recherche-développement représentent 3,8% du PIB (2,9 % au Japon), et que les valeurs de haute technologie représentent 40% de la capitalisation boursière suédoise (poids du géant mondial de la téléphonie, Ericsson).
L'économie suédoise continue cependant à avoir la pression fiscale la plus élevée d'Europe (49,8 % du PIB en 1994, 54,8% en 1998), incitant certaines entreprises parmi les plus importantes du pays à se délocaliser (services centraux d'Ericsson, Stora-Enso, Kvaerner Pulping, Astra-Zeneca, Asea, Nobel, Pharmacia, Nordbanken...).

Politique étrangère
Le recentrage politique et économique de la Suède sur l'Europe s'est trouvé consacré par son entrée dans l'Union européenne, le 1er janvier 1995, après l'issue positive du référendum d'adhésion du 13 novembre 1994 (52,3 % des Suédois se sont prononcés en faveur de l'entrée de la Suède dans l'Union européenne). Cette décision apparaît toutefois souvent davantage comme une adhésion de raison que de sentiment.
Les autorités suédoises, qui ont milité avec obstination en faveur des candidatures baltes, considèrent l'élargissement de l'Union européenne comme une priorité absolue et espèrent une avancée significative dans ce domaine sous leur présidence.

S'agissant de la réforme des institutions de l'Union, Stockholm réclame une Conférence intergouvernementale courte, conclue si possible sous présidence française afin de ne pas retarder l'élargissement. La Suède souhaite conserver son Commissaire et ne voit pas d'inconvénient à un Collège de 25 ou 30 membres; elle craint que la repondération des voix au Conseil ne se fasse au dépens de son poids relatif ; enfin, elle est réticente à l'extension du domaine du vote à la majorité qualifiée.
Si la fin des affrontements Est-Ouest a fait disparaître, dans une large mesure, la justification en même temps que les avantages de la politique de neutralité suivie depuis des décennies par la Suède, le gouvernement social-démocrate continue à s'en tenir, sous la surveillance vigilante de ses alliés parlementaires, à la politique de non-alliance militaire. La Suède a toutefois procédé à une réévaluation de son concept de défense et souhaite s'associer pleinement au développement des capacités européennes de gestion des crises.
L'action extérieure de la Suède reste en outre marquée par une priorité accordée aux instances onusiennes (la Suède est le quatrième contributeur international de Casques bleus), à une présence active sur la scène internationale, et notamment dans les crises régionales européennes (accueil de 100 000 réfugiés de Bosnie-Herzégovine, envoi d'une brigade de 800 hommes au Kosovo, maintien de 500 hommes dans la SFOR), à l'aide au développement et à la coopération nordico-baltique (participation active au Conseil des Etats riverains de la mer baltique, au Conseil euro-arctique de Barents et à des programmes bilatéraux, soutien à la dimension septentrionale de l'Union européenne).

Relations bilatérales
Relations politiques
Nos relations politiques avec la Suède se sont intensifiées depuis qu'elle a rejoint l'Union européenne. Jusqu'alors essentiellement tournées vers le monde anglo-américain et l'Allemagne, les autorités suédoises ont engagé un réexamen complet de leur politique européenne, qui s'est traduit ces dernières années par un net regain d'intérêt pour la France.
Nombreux sont les domaines où nos approches ou nos intérêts sont communs, tels que l’aide au développement, la gestion des dossiers internationaux (Proche-Orient, ex-Yougoslavie, avenir de l'ONU), ou les actions en faveur de l’emploi, de l'environnement et de la transparence en Europe. Les autorités suédoises dont d'autant plus désireuses de travailler avec la France sur les dossiers européens que la présidence française de l'Union européenne précédera immédiatement la première présidence suédoise (respectivement, second semestre 2000 et premier semestre 2001).

Visites récentes
Le Premier ministre suédois a effectué une visite en France le 13 décembre 1999 à l'occasion d'une journée franco-suédoise consacrée aux nouvelles technologies de l'information. Le Premier ministre s'est rendu à Stockholm les 26-27 janvier 2000, à l'occasion d'un forum international sur la mémoire et l'Holocauste.
Parmi les contacts ministériels récents : visites du Secrétaire d'Etat au Commerce extérieur et du Ministre délégué aux affaires européennes à Stockholm en février 1999; entretiens des ministres de la Défense à Paris en février, et à Stockholm en novembre 1999; entretien du ministre délégué aux Affaires européennes avec son homologue suédois, le 20 octobre 1999; entretien du ministre des Affaires étrangères avec son homologue suédois, le 3 mai 1999, à Nyköping, sur les dossiers communautaires et le Kosovo.

Relations commerciales
Les relations commerciales franco-suédoises profitent du contexte économique favorable et atteignent un volume supérieur à 50 Mds F. Les exportations françaises vers la Suède ont doublé en quatre ans. La France a dégagé dans son commerce avec la Suède un excédent de plus de 2 Mds F en 1998. Les investissements français en Suède demeurent toutefois largement inférieurs à ceux de la Suède en France (respectivement 7,5 mds F et 28 Mds F en stock). Les filiales d'entreprises suédoises emploient 45 000 personnes en France. Les entreprises françaises sont cependant présentes dans nombre des plus grands marchés de travaux publics (lien fixe sur l'Oresund entre Malmö et Copenhague, lien entre l'aéroport d'Arlanda et la capitale suédoise), des communications (livraison d'un satellite de télécommunication, commande en décembre 1999 de dix Airbus avec une option sur sept autres) et de services (gestion des trains de banlieue et du métro de Stockholm).
Relations culturelles, scientifiques et techniques
Les relations culturelles et scientifiques sont riches (la France est la troisième destination d'études pour les jeunes Suédois) et dépassent largement leur cadre institutionnel. Il reste que l'image de la France dans les médias suédois ne reflète pas toujours la qualité de nos liens bilatéraux.





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