Communiqué des chefs d'Etat et de gouvernement du G 8

Communiqué des chefs d'Etat et de gouvernement du G 8

Cologne - Allemagne, le dimanche 20 juin 1999

Thèmes

I. Mettre l'économie mondiale sur le chemin de la croissance soutenue

II. Construire un système commercial mondial pour tous

III. Concevoir des politiques qui favorisent l'emploi

IV. Investir dans les hommes

V. Consolider les garanties sociales

VI. Approfondir le partenariat pour le développement

VII. Lancer l'Initiative de Cologne sur la dette

VIII. Redoubler d'efforts pour protéger l'environnement

IX. Promouvoir la non-prolifération, la maîtrise des armements et le désarmement

X. S'attaquer aux grands problèmes mondiaux de notre temps


Nous, chefs d'État et de Gouvernement des huit grandes démocraties et Président de la Commission européenne, nous sommes réunis à Cologne pour le XXVè Sommet économique. Au seuil du nouveau millénaire, nous avons débattu des chances toujours plus nombreuses et des réponses tournées vers l'avenir face aux défis qui se présentent à nos pays et à la communauté internationale.

La mondialisation, processus complexe caractérisé par des flux rapides et croissants d'idées, de capitaux, de technologies, de biens et de services à travers le monde, a déjà bouleversé nos sociétés en profondeur. Elle nous a rapprochés comme jamais auparavant. Une ouverture et un dynamisme accrus ont contribué à améliorer très largement les niveaux de vie et à réduire la pauvreté de manière significative. L'intégration a favorisé la création d'emplois en stimulant l'efficacité, l'innovation et la croissance. La révolution de l'information et le développement des contacts entre les cultures et les valeurs des uns et des autres ont renforcé l'élan démocratique, ainsi que la lutte pour les droits de l'homme et les libertés fondamentales, tout en encourageant la créativité et l'innovation. Dans le même temps, cette mondialisation s'est cependant accompagnée d'un risque plus grand de déstabilisation et d'incertitude financière pour un certain nombre de salariés, de familles et de groupes sociaux dans le monde entier.

Le défi consiste à saisir les chances qu'offre la mondialisation tout en faisant face aux risques qu'elle implique, répondant ainsi aux inquiétudes exprimées quant à l'absence de contrôle sur ses répercussions. Nous devons travailler à préserver et à augmenter les effets positifs de la mondialisation et faire en sorte que le monde entier en bénéficie largement. C'est pourquoi nous demandons aux gouvernements et aux institutions internationales, aux entreprises et aux salariés, à la société civile et à ses membres, d'agir côte à côte pour relever ce défi et pour tirer pleinement parti de la mondialisation afin d'accroître la prospérité et de promouvoir le progrès social tout en préservant l'environnement.

1. mettre l'économie mondiale sur le chemin de la croissance soutenue

Depuis notre Sommet de Birmingham l'an dernier, l'économie mondiale a été confrontée à des défis majeurs. Des progrès ont été accomplis concernant le traitement de la crise et l'établissement des fondements de la croissance. Les mesures adoptées pour soutenir la croissance dans les grands pays industrialisés et les efforts significatifs déployés pour renforcer les performances économiques de certains marchés émergents ont amélioré les perspectives économiques. Cependant, des écueils importants subsistent. C'est pourquoi nous réaffirmons notre volonté d'appliquer des politiques macroéconomiques et des réformes structurelles appropriées. Celles-ci contribueront à une croissance plus équilibrée de l'économie mondiale et réduiront par là même les déséquilibres de la balance des paiements.

L'économie mondiale continue de ressentir les effets des crises financières qui ont débuté en Asie il y a deux ans. Sans un système commercial international ouvert et fondé sur des règles de droit, sans les flux bénéfiques de biens et de services que ce système favorise, les pays touchés auraient eu beaucoup plus de difficultés à se relever de ces crises et à stabiliser leurs économies.

Nous nous félicitons des récents accords-cadres entre la Russie, le FMI et la Banque mondiale et nous espérons leur mise en oeuvre rapide, qui constituera une nouvelle étape importante du programme de réforme de la Russie. Nous encourageons le Club de Paris à négocier rapidement, dès que l'accord avec le FMI entrera en vigueur, un accord de rééchelonnement de la dette avec la Russie. Afin de conforter les efforts déployés par la Russie pour parvenir à la stabilité macroéconomique et à une croissance durable, nous encourageons le Club de Paris à continuer de traiter la question de la dette russe résultant des obligations contractées à l'époque soviétique. Cela devrait permettre de trouver ultérieurement des solutions globales, lorsque la Russie aura créé les conditions lui permettant de mettre en oeuvre un programme de réforme économique plus ambitieux.

Nous sommes convenus d'intensifier notre dialogue au sein du G8 concernant les réformes économiques, structurelles et sociales à long terme en Russie. A cette fin, nous avons chargé nos représentants personnels d'assurer la continuité et la cohérence générales des travaux du G8 à ce sujet. L'accent doit être mis plus particulièrement sur des domaines concrets de coopération, tels que le développement des petites entreprises, une coopération renforcée avec les régions, la santé et l'impact social des mutations économiques. Nous sommes convenus d'approfondir notre coopération en matière d'application des lois, de lutte contre la criminalité transnationale organisée et de blanchiment, y compris dans leurs liens avec la fuite des capitaux.

2. construire un système commercial mondial pour tous

Le système commercial multilatéral intégré dans le cadre de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) a été un facteur essentiel du développement du commerce et des investissements internationaux, de l'augmentation de la croissance économique et de l'emploi, et du renforcement du progrès social. Par conséquent, nous réaffirmons notre ferme soutien à l'OMC et notre attachement à un environnement ouvert pour le commerce et les investissements. Nous appelons tous les pays à résister aux pressions protectionnistes et à ouvrir encore davantage leurs marchés. Nous encourageons les États qui ne sont pas encore membres de l'OMC à en respecter les principes et à y adhérer.

Compte tenu du rôle crucial de l'OMC, nous reconnaissons la nécessité d'en améliorer la transparence afin de la rendre plus proche de la société civile tout en préservant son caractère intergouvernemental. Nous nous engageons à œuvrer au succès de la conférence ministérielle de Seattle afin de lancer le nouveau cycle de négociations. Nous chercherons également, au sein de l'OMC, une manière plus efficace de prendre en compte la relation entre commerce et environnement et de promouvoir le développement durable et la prospérité économique et sociale partout dans le monde.

Par conséquent, nous demandons à tous les pays de lancer, lors de la conférence ministérielle de l'OMC de Seattle en décembre 1999, un nouveau cycle de négociations larges et ambitieuses permettant d'obtenir des résultats substantiels et gérables. Tous les membres devraient s'impliquer dans ce processus. Nous les encourageons à émettre des propositions de progrès dans des domaines où les pays en développement, notamment les pays les moins avancés, peuvent obtenir des résultats solides et substantiels ; tous les pays devraient contribuer à ce nouveau cycle de négociations et en tirer profit. Pour atteindre son but, un nouveau cycle de négociations commerciales devrait ouvrir la voie à une meilleure intégration des pays en développement dans l'économie mondiale. Dans ce contexte, nous réaffirmons l'engagement que nous avions pris à Birmingham l'an dernier concernant l'amélioration de l'accès aux marchés en faveur des pays les moins avancés. Nous appelons également de nos vœux l'intensification de la coopération et une plus grande cohérence des actions entre les organisations internationales dans le domaine des finances, de l'économie, du travail et de l'environnement.

Du fait de la mondialisation croissante des échanges, les conséquences des progrès dans le domaine des biotechnologies doivent être traitées dans toutes les enceintes adéquates au niveau national et international. Nous avons pris l'engagement de suivre une approche fondée sur une démarche scientifique et des règles de droit pour traiter ces questions.

3. concevoir des politiques qui favorisent l'emploi

L'un des problèmes économiques les plus urgents est le niveau élevé du chômage dans de nombreux pays. Nous réaffirmons la nécessité d'intensifier la coopération internationale et les efforts nationaux afin de concevoir les bonnes politiques en faveur de l'emploi. Pour consolider les fondements d'une croissance durable et de la création d'emplois, nous insistons vivement sur une approche à deux niveaux :

  • promouvoir des réformes structurelles pour améliorer la capacité d'adaptation et la compétitivité de nos économies et pour aider les chômeurs de longue durée à revenir sur le marché du travail ;
  • mettre en œuvre des politiques macroéconomiques en faveur de la stabilité et de la croissance et de veiller au bon équilibre des politiques monétaires et budgétaires.

Plus la capacité d'adaptation de nos économies est grande, plus il est probable que la croissance économique sera créatrice d'emplois. Par conséquent, nous soutenons fermement l'élimination des rigidités structurelles sur les marchés du travail, des capitaux et des produits, la promotion de l'esprit d'entreprise et de l'innovation, l'investissement dans le capital humain, la réforme des systèmes fiscaux et des prestations sociales pour développer les incitations économiques et encourager l'emploi, et l'instauration d'une société innovante fondée sur le savoir.

Nous souscrivons aux conclusions de la conférence des ministres du travail du G8 tenue à Washington en février dernier, qui préconisaient de prévoir des politiques sociales favorables à l'emploi, de prévenir le chômage de longue durée en agissant très en amont, de faciliter la recherche d'un emploi en fournissant des informations sur le marché du travail et des services d'aide à l'emploi, de promouvoir la formation tout au long de la vie et de nouvelles formes d'organisation du travail, d'assurer à tous, qu'il s'agisse de jeunes à la recherche d'un premier emploi ou de travailleurs expérimentés, l'égalité d'accès au marché de l'emploi, et de faire progresser le dialogue social sur tous ces points.

3. investir dans les hommes

La formation de base, la formation professionnelle et universitaire, l'amélioration tout au long de la vie des compétences et des connaissances en fonction du marché du travail, ainsi que le soutien au développement de la pensée innovante sont des facteurs essentiels du progrès économique et technique à l'heure où notre société est de plus en plus fondée sur le savoir. En outre, ils enrichissent les personnes et favorisent la responsabilité civique et l'insertion sociale.

À cette fin, nous convenons d'agir en faveur des objectifs et des ambitions énoncés dans la Charte de Cologne.

La capacité d'adaptation, l'employabilité et la gestion du changement seront les enjeux majeurs du siècle prochain pour nos sociétés. La mobilité en termes d'emploi, de cultures et de groupes sociaux sera essentielle. Cela passe par la formation et l'apprentissage tout au long de la vie pour tous.

Dans cette perspective, nous préconisons le développement des échanges de professeurs, d'administrateurs et d'étudiants entre les pays des Huit et avec d'autres pays. Nous invitons nos experts à identifier les principaux obstacles au développement de ces échanges et à émettre des propositions adéquates d'ici le prochain sommet. Nous demandons à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et à l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) d'étudier comment les différents pays s'efforcent de relever le niveau de la formation, par exemple en examinant les meilleures pratiques en matière de recrutement, de formation, de rémunération et de responsabilité de la profession enseignante dans le monde. Nous nous engageons à examiner les moyens de travailler ensemble et dans le cadre d'institutions internationales afin d'aider nos propres pays et les pays en développement à se servir des technologies pour répondre à leurs besoins en matière de formation et de développement, grâce à l'enseignement à distance par exemple.

5. consolider les garanties sociales

Le processus de mondialisation, en prenant de l'ampleur, s'est accompagné de progrès économiques et sociaux importants. Parallèlement, des changements et une intégration rapides ont donné à certaines personnes et à certains groupes le sentiment qu'ils ne pouvaient pas suivre, entraînant une certaine déstabilisation, notamment dans les pays en développement. C'est pourquoi nous devons prendre des mesures pour renforcer les infrastructures institutionnelles et sociales afin d'humaniser la mondialisation et de garantir une prospérité croissante et largement partagée.

Les politiques en matière de sécurité sociale, y compris les filets de protection sociale, doivent être suffisamment solides pour encourager et permettre l'acceptation par tous des mutations et de la libéralisation mondiales, ainsi que pour accroître leurs chances sur le marché du travail, tout en renforçant la cohésion sociale. Nous reconnaissons que, face aux contraintes financières, il est essentiel de trouver un équilibre durable entre les programmes d'aide sociale et l'encouragement à la responsabilité et à l'initiative individuelles.

Nous avons la conviction que les pays les plus touchés par les récentes turbulences économiques et financières se rétabliront plus rapidement en créant et en améliorant les infrastructures sociales nécessaires. Par conséquent, il est particulièrement important de préserver les investissements dans les services sociaux de base en temps de crise. Les priorités budgétaires et la souplesse devraient améliorer la qualité des infrastructures et des investissements dans le domaine social.

La démocratie, l'État de droit, la bonne gestion des affaires publiques, le respect des droits de l'homme et des normes fondamentales du travail sont par ailleurs des conditions préalables indispensables à la stabilité sociale. La mise en place d'institutions fonctionnant bien et exemptes de corruption, peu coûteuses, transparentes et responsables devant l'opinion publique doit accompagner le processus de libéralisation.

Nous demandons aux institutions financières internationales de soutenir et d'assurer le suivi de la mise en place de politiques et d'infrastructures sociales bien conçues dans les pays en développement. Nous saluons les actions déjà menées à cet égard. Nous appelons le Fonds monétaire international (FMI) à attacher plus d'attention à cette question dans la conception de ses programmes économiques et plus particulièrement, à accorder la priorité aux budgets fondamentaux tels que la santé, l'éducation et la formation dans toute la mesure du possible, y compris durant les périodes d'assainissement budgétaire. Nous nous félicitons des efforts déployés par la Banque mondiale en collaboration avec l'ONU pour élaborer des principes de bonne pratique en matière sociale et pour renforcer les partenariats avec les pays emprunteurs dans le cadre de l'approche globale du développement. Nous invitons la Banque mondiale et le FMI à œuvrer ensemble à la mise au point d'une série de mesures et de pratiques pouvant servir aussi bien aux bailleurs de fonds qu'aux emprunteurs pour la conception de programmes d'ajustement assurant la protection des plus vulnérables.

Nous sommes favorables à une amélioration de l'échange d'informations sur la définition et la mise en œuvre de réformes sociales, comprenant notamment une analyse du coût et des avantages des filets de protection sociale, au sein de l'ONU, de l'OCDE et dans d'autres enceintes appropriées.

Nous nous engageons à promouvoir la mise en œuvre réelle de la " déclaration de l'Organisation internationale du Travail (OIT) relative aux principes et droits fondamentaux au travail et de son suivi ". Nous accueillons avec satisfaction l'adoption de la Convention de l'OIT concernant l'élimination des pires formes du travail des enfants. Par ailleurs, nous entendons intensifier notre travail avec les pays en développement afin d'améliorer leur capacité de remplir leurs obligations. Nous appuyons le renforcement des capacités de l'OIT afin d'aider les pays à mettre en œuvre les normes fondamentales du travail.

Nous nous félicitons du développement de la coopération entre l'OIT et les institutions financières internationales afin de promouvoir une protection sociale et des normes fondamentales du travail appropriées. Nous demandons aux institutions financières internationales d'intégrer l'amélioration de ces normes dans leur dialogue avec les pays membres. Par ailleurs, nous soulignons l'importance d'une coopération réelle entre l'OMC et l'OIT en ce qui concerne la dimension sociale de la mondialisation et de la libéralisation des échanges commerciaux.

6. approfondir le partenariat pour le développement

À l'heure de la mondialisation, les pays en développement sont des partenaires essentiels. Nous sommes déterminés à travailler avec eux, plus particulièrement avec les pays les plus pauvres, afin d'éradiquer la pauvreté, d'engager des actions efficaces pour le développement durable et de développer la capacité de ces pays à mieux s'intégrer dans l'économie mondiale, pour mieux tirer parti des chances qu'offre la mondialisation:

  • Nous continuerons d'apporter une aide et un soutien substantiels aux pays en développement et en transition, à l'appui de leurs propres efforts pour ouvrir et diversifier leurs économies, pour se démocratiser, améliorer la gestion de leurs affaires publiques et protéger les droits de l'homme.
  • Nous nous efforcerons d'augmenter progressivement le volume de l'aide publique au développement et de concentrer cette aide sur les pays les mieux à même d'en tirer profit.
  • Pour alléger le fardeau de la dette à l'avenir et pour stimuler le développement durable, nous convenons d'accroître la part des dons dans l'aide publique au développement que nous fournissons aux pays les moins avancés.
  • Les organisations non gouvernementales ont également un rôle important à jouer.
  • Si l'aide internationale et l'allégement de la dette ont une importance évidente, ils ne produiront des effets positifs que s'ils sont accompagnés de mesures nationales judicieuses en faveur de la réforme économique et structurelle et de la bonne gestion des affaires publiques, le secteur privé et la société civile pouvant alors jouer un rôle constructif.
  • Nous entendons intensifier notre action avec les pays en développement et les institutions multilatérales afin d'améliorer la capacité des pays en développement d'exercer leur droits et d'assumer leurs obligations dans le système commercial mondial, pour leur permettre de bénéficier pleinement de la libéralisation des échanges commerciaux et, ainsi, de contribuer à la croissance économique mondiale.
  • Nous demandons à l'ONU et aux institutions financières internationales d'aider les pays en développement à mobiliser suffisamment de ressources pour les services sociaux et les infrastructures de base, et de continuer à intégrer et à soutenir dans les stratégies de développement de ces pays la démocratisation, la bonne gestion des affaires publiques et l'État de droit.
  • Nous réaffirmons notre soutien au mandat de l'OCDE s'agissant de mettre au point une recommandation sur le déliement de l'aide aux pays les moins avancés. Nous demandons aux membres de l'OCDE de faire aboutir cet effort dès que possible.

Nous réaffirmons notre volonté de contribuer au développement économique et social en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Nous examinerons chaque année leur situation à cet égard en nous fondant sur les rapports qu'établiront les institutions financières internationales et les banques régionales de développement concernées au sujet des progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté.

7. lancer l'initiative de cologne sur la dette

Nous avons décidé de donner une nouvelle impulsion à l'allégement de la dette des pays en développement. Ces dernières années, la communauté internationale des donateurs a mis en place une série de mesures d'allégement de la dette en faveur des pays en développement les plus pauvres. L'initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés (PPTE) a fourni une contribution importante à cet égard. L'expérience récente montre que d'autres mesures sont nécessaires pour trouver une solution plus durable au problème du fardeau insupportable de la dette. A cette fin, nous accueillons favorablement l'Initiative de Cologne sur la dette (1999) qui est destinée à offrir un allégement plus radical, plus large et plus rapide grâce à une profonde modification de l'Initiative PPTE. L'objectif essentiel de cette initiative est de mettre davantage l'accent sur la lutte contre la pauvreté en dégageant des ressources au profit des investissements dans le secteur de la santé, de l'éducation et des autres priorités sociales. Dans ce contexte, nous soulignons l'importance d'une bonne gestion des affaires publiques et du développement durable.

Nous sommes conscients du fait que les nouvelles propositions nécessiteront des financements supplémentaires substantiels. Plusieurs modes de financement sont actuellement à l'étude, mais des progrès crédibles s'agissant d'identifier de nouvelles possibilités de financement supplémentaire sont nécessaires ; nous sommes prêts à apporter notre aide pour des solutions de financement. Dans ce contexte, nous reconnaissons l'importance d'un partage équitable du fardeau entre les créanciers.

8. redoubler d'efforts pour protéger l'environnement

Pour souligner notre attachement au développement durable, nous intensifierons notre action afin de construire un cadre mondial cohérent d'institutions et d'accords multilatéraux, respectueux de l'environnement. Nous entérinons les conclusions de la réunion des ministres de l'environnement du G8 qui s'est tenue à Schwerin et nous accélérerons la coopération internationale en vue de la définition, de la reconnaissance générale et de l'amélioration constante des règles et des normes en matière d'environnement. Nous sommes convenus que le prochain cycle de négociations de l'OMC devrait tenir pleinement compte des facteurs environnementaux. Dans ce cadre, il conviendra de clarifier la relation entre les accords multilatéraux sur l'environnement et les principes fondamentaux en la matière, d'une part, et les règles de l'OMC, d'autre part.

Nous convenons d'appuyer le processus engagé par les banques multilatérales de développement pour intégrer pleinement les facteurs environnementaux dans leurs activités, comme nous le ferons nous-mêmes en ce qui concerne nos propres programmes d'aide. Nous œuvrerons dans le cadre de l'OCDE pour élaborer des approches environnementales communes pour les organismes de financement des exportations. Nous entendons achever ce travail d'ici le sommet du G8 de l'an 2001.

Nous réaffirmons que nous considérons le changement climatique comme une menace extrêmement grave pour le développement durable. C'est pourquoi nous travaillerons à la mise en oeuvre du plan d'action de Buenos Aires selon le calendrier prévu en vue de l'entrée en vigueur rapide du Protocole de Kyoto. En particulier, nous encourageons à prendre des décisions sur le fonctionnement des mécanismes de Kyoto et sur un régime strict et efficace de respect de ces mécanismes. Nous soulignons la nécessité de prendre des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre par une utilisation rationnelle et efficace de l'énergie et par d'autres moyens rentables. À cette fin, nous nous engageons à élaborer et à appliquer des mesures nationales, notamment conformément à la Convention-cadre des Nations Unies concernant les changements climatiques. Nous avons également décidé d'échanger des expériences sur les meilleures pratiques. Nous favoriserons par ailleurs une participation accrue des pays en développement à l'effort global de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous saluons l'action déjà entreprise par les pays en développement et nous soulignons la nécessité d'appuyer leurs efforts par des mécanismes financiers, le développement et le transfert de technologies et le développement des capacités institutionnelles. Nous prenons note du rôle important que le mécanisme pour un développement propre peut jouer dans ces domaines. Nous accueillons avec satisfaction l'intention affichée à Buenos Aires par certains pays en développement de prendre de nouveaux engagements pour limiter leurs émissions de gaz à effet de serre.

9. promouvoir la non-prolifération, la maîtrise des armements et le désarmement

Le renforcement du régime international de non-prolifération et des mesures de désarmement est l'une de nos grandes priorités dans le domaine international. Nous entendons instaurer un vaste partenariat international concernant la réduction de la menace afin de répondre aux exigences en matière de sécurité, de maîtrise des armements, de déclassement et de non-prolifération tout en atténuant les risques pour l'environnement. Cela se fera dans le prolongement des efforts en cours et prévus par le G8 et par d'autres pays. Nous avons pris l'engagement d'apporter des ressources supplémentaires à ces fins et nous encourageons tous les autres pays concernés à se joindre à nous.

Nous prenons acte de la nécessité de continuer à protéger et à gérer les matières fissiles militaires, en particulier le plutonium. Au cours des années écoulées, les pays du G8 ont travaillé sur la gestion des matières issues du démantèlement d'armes nucléaires. Nous réaffirmons notre intention d'instaurer des modalités pour la gestion en toute sûreté de ces matières fissiles. Nous apportons notre ferme soutien aux initiatives concrètes prises par le G8 et par d'autres pays afin d'instaurer la coopération scientifique et technique nécessaire aux programmes de grande envergure pour l'affectation future de ces matières. Nous invitons tous les pays intéressés à soutenir les projets de réalisation rapide des programmes de grande échelle et nous appelons de nos vœux la définition d'une stratégie commune. Nous reconnaissons qu'une approche internationale du financement, faisant appel à des fonds tant publics que privés, sera nécessaire et nous réexaminerons nos propres engagements financiers d'ici le prochain sommet du G8.

Nous sommes profondément préoccupés par les récents essais de missiles et par l'évolution en matière de prolifération des missiles, notamment par les actions menées par la Corée du Nord. Nous nous engageons à étudier d'autres moyens individuels et collectifs de répondre à ce problème et nous réaffirmons notre attachement aux objectifs du régime de contrôle de la technologie des missiles (MTCR).

Des mécanismes efficaces de contrôle des exportations sont essentiels si nous voulons atteindre un grand nombre de nos objectifs en matière de maîtrise des armements et de non-prolifération. Nous continuerons de chercher des moyens de renforcer ces mécanismes. Par ailleurs, nous soulignons le rôle que joue le groupe des fournisseurs nucléaires en matière de prévention de la prolifération nucléaire.

Un an après les essais nucléaires de l'Inde et du Pakistan, nous exprimons à nouveau nos préoccupations et nous réaffirmons les termes de notre Communiqué de Birmingham. Les récents essais de missiles ont accru encore les tensions dans la région. Nous encourageons les deux pays à consentir des efforts supplémentaires en s'associant aux mesures internationales de non-prolifération et de désarmement et en prenant les mesures énoncées dans la résolution 1172 du Conseil de sécurité des Nations Unies.

10. s'attaquer aux grands problèmes mondiaux de notre temps

Dans de nombreux pays, des conflits violents et des guerres civiles continuent d'empêcher que soient exploitées à bon escient les chances offertes par la mondialisation. Une prévention et une gestion efficaces des crises doivent traiter les causes de ces conflits à la racine. Ces causes sont notamment la manipulation politique de tensions ethniques, les inégalités économiques et sociales et l'extrême pauvreté, ainsi que l'absence de démocratie, de l'État de droit et d'une bonne administration politique et économique, souvent exacerbées par les violations des droits de l'homme, la dégradation de l'environnement, la rareté des ressources, une croissance rapide de la population et la propagation rapide des maladies.

Pour améliorer notre capacité à prévenir ces crises, il est nécessaire, dans le resepct des principes et des objectifs de la Charte des Nations Unies:

  • de renforcer la capacité de reconnaître et de traiter les risques de conflit à un stade précoce. Les risques et les causes des conflits violents doivent être suivis de manière plus efficace et des informations échangées afin de les prévenir ;
  • pour assurer notre sécurité, de veiller à ce que les politiques dans le domaine de la sécurité, de l'économie, de l'environnement et du développement soient coordonnées de manière adéquate et contribuent à la prévention des conflits violents. Dans le cadre de notre dialogue avec d'autres pays et avec les institutions internationales, nous œuvrerons à la coordination de nos politiques ;
  • de reconnaître l'importance du rôle joué par l'ONU en matière de prévention des crises et de chercher à renforcer sa capacité dans ce domaine ;
  • de contrôler systématiquement les dépenses militaires dans le contexte général du suivi des dépenses publiques et dans le contexte macroéconomique de la croissance et du développement ;
  • d'encourager et de soutenir les efforts des organisations et arrangements régionaux pour développer leur capacité juridictionnelle et opérationnelle conformément au droit international, afin de contribuer à enrayer et à régler les conflits dans leur zone régionale ;
  • de promouvoir la liberté de la presse, de mettre en place des processus électoraux équitables, de contribuer à améliorer la responsabilité démocratique et le fonctionnement des assemblées législatives, du système judiciaire, des forces militaires et de police, de contrôler le respect des droits de l'homme et d'en renforcer la défense.

Nous jugeons préoccupante la persistance de l'épidémie mondiale de SIDA. Nous réaffirmons la nécessité de poursuivre nos efforts de lutte contre le SIDA au niveau national et international grâce à une stratégie conjuguant prévention, mise au point d'un vaccin et thérapie appropriée. Nous appuyons le rôle de coordination et de catalyseur de l'ONUSIDA dans la lutte contre le SIDA. Nous appelons les coparrains et d'autres partenaires à coopérer pour définir des objectifs, des stratégies et des initiatives clairs aussi bien à l'échelle mondiale que régionale.

Nous nous engageons à poursuivre notre action nationale et internationale de lutte contre les maladies infectieuses et parasitaires, telles que le paludisme, la polio et la tuberculose, ainsi que les formes de ces maladies qui résistent aux traitements. En particulier, nous continuerons de soutenir les efforts de l'Organisation mondiale de la Santé et ses initiatives pour " Faire reculer le paludisme " et " Stoppons la tuberculose ". Nous demandons aux gouvernements d'adopter ces stratégies recommandées.

Constatant l'importance croissante des questions liées à la sécurité de l'alimentation, nous invitons le Sous-Groupe de travail de l'OCDE sur l'harmonisation de la surveillance réglementaire en biotechnologie et le Groupe de travail de l'OCDE sur la sécurité de la filière agroalimentaire à entreprendre une étude traitant des incidences des biotechnologies et d'autres aspects de la sécurité de l'alimentation. Nous invitons les experts de l'OCDE à discuter de leurs conclusions avec nos représentants personnels. Nous demandons à ces derniers de nous faire rapport, d'ici le prochain Sommet, sur les moyens d'améliorer notre approche de ces questions, grâce à des institutions internationales et à d'autres institutions, en tenant compte des travaux en cours dans d'autres instances.

Nous nous réjouissons que la communauté internationale prenne de plus en plus conscience des effets néfastes de toutes les formes de corruption et que la Convention de l'OCDE contre la corruption soit entrée en vigueur en février 1999. Nous espérons que d'autres pays ratifieront cette Convention. Nous nous félicitons des résultats et du suivi prévu de la conférence internationale sur les mesures de lutte contre la corruption, à laquelle ont participé plus de 80 pays, notamment tous les partenaires du G8, et de la Conférence de l'OCDE sur la lutte contre la corruption, qui se sont tenues toutes les deux aux États-Unis en février 1999. Dans le cadre de la Convention des Nations Unies contre la criminalité, nous demandons que les actes de corruption impliquant des agents des services publics soient qualifiés d'infractions pénales.

Nous apporterons notre soutien à la dynamique internationale de lutte contre la criminalité transnationale organisée et contre la menace qu'elle représente pour la stabilité politique, financière et sociale dans le monde entier. Nous saluons les travaux du groupe d'experts de haut niveau sur la criminalité transnationale organisée et sur le terrorisme. Nous leur demandons de poursuivre leurs travaux et en particulier de conclure rapidement la négociation des conventions et des protocoles des Nations Unies sur la criminalité organisée. Nous demandons que les négociations concernant la Convention des Nations Unies sur le financement du terrorisme progressent plus rapidement. Nous demandons aux deux groupes d'experts de nous faire rapport l'année prochaine. Nous réaffirmons notre volonté de lutter contre la drogue, notamment en appliquant activement les conclusions de la session extraordinaire de l'ONU de 1998 consacrée au Programme mondial sur les stupéfiants. Nous attendons avec intérêt la réunion ministérielle sur la criminalité qui se tiendra cet automne à Moscou.

Nous réaffirmons l'engagement que nous avions pris en 1996 lors du Sommet de Moscou de faire passer la sûreté avant tout dans l'utilisation de l'énergie nucléaire et de parvenir à des normes de sûreté élevées dans le monde entier. À cet égard, nous attachons une grande importance aux résultats de la réunion d'examen de la Convention sur la sûreté nucléaire et à la Conférence de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur le renforcement de la sûreté nucléaire en Europe orientale.

Nous réaffirmons notre volonté de renforcer la coopération dans le domaine de la sûreté nucléaire. Nous nous félicitons des efforts concertés déployés dans ce domaine pour faire face au problème informatique de l'an 2000. En ce qui concerne le Fonds de sûreté nucléaire, nous continuons d'attacher une très grande importance à la mise en œuvre totale et en temps prévu des accords de don.

Des progrès réels ont été enregistrés depuis le Sommet de Birmingham pour traiter le bogue de l'an 2000. Mais beaucoup reste encore à faire. Nous appliquerons des programmes d'action énergiques pour faire en sorte d'être prêts pour l'an 2000 et pour réduire au maximum les effets éventuels de ce problème sur nos pays et à l'échelle mondiale. Nous demandons à tous les autres gouvernements d'en faire autant. Dans le cadre de ces efforts, l'accent doit être mis en priorité sur les secteurs-clés des infrastructures (énergie, télécommunications, services financiers, transports et santé publique), ainsi que sur la défense, l'environnement et la sécurité publique. La confiance de l'opinion publique sera cruciale et dépendra largement de la transparence concernant le degré de préparation dans les secteurs vitaux. Les administrations, les organisations internationales, les fournisseurs d'infrastructures et les fournisseurs de technologies de l'information devront assurer un flux régulier d'informations fiables destinées au public. À l'approche de la date, il sera important que les autorités responsables disposent de plans d'urgence pour faire face aux pannes susceptibles de se produire dans les domaines les plus sensibles malgré nos intenses préparatifs. Nous appelons les autres pays à en faire autant. Nous maintiendrons une étroite coopération, entre nous et avec d'autres partenaires, sur cet aspect du problème et sur d'autres aspects. Nous organiserons ultérieurement cette année une conférence spéciale du G8 sur la planification d'urgence.


Prochain sommet

Nous avons accepté l'invitation du Premier Ministre du Japon de nous réunir à Okinawa (Kyushu) du 21 au 23 juillet l'année prochaine.





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