Discours de S.A.R. le Prince Ghazi bin Muhammad Bin Talal, Envoyé Personnel et Conseiller Spécial de S.M. le Roi Abdullah Il de Bin AI-Hussein de Jordanie.

Discours de S.A.R. le Prince Ghazi bin Muhammad Bin Talal, Envoyé Personnel et Conseiller Spécial de S.M. le Roi ‘bdullah Il de Bin AI-Hussein de Jordanie.

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Palais de l'Élysée, Paris, le 13 septembre 2006.




Monsieur le Président de la République,
Hôtes distingués,

Je souhaite, tout d'abord, saluer la tenue de cet Atelier culturel méditerranéen. Votre initiative, Monsieur le Président de la République, me paraît particulièrement bienvenue à cette époque où nous avons plus que jamais besoin, surtout dans cette région du monde, du dialogue des peuples et des cultures, pour permettre de rapprocher les sociétés, et pour combattre les préjugés et les représentations erronées.

La Jordanie, pour sa part, a souhaité contribuer à cet effort de rapprochement, de réflexion et de clarification, plus particulièrement sur le plan religieux. Tel est le sens du message d'Amman, permettez moi de l'expliquer plus complètement.

Le Message d'Amman a commencé sous la forme d'une déclaration détaillée, faite à la veille du 27 Ramadan 1425 de l'Hégire / 9 novembre 2004, par SM le Roi Abdullah Il bin AI-Hussein, à Amman, en Jordanie. Cette déclaration avait pour objet d'expliquer ce qu'est l'Islam et ce qu'il n'est pas, quelles sont les actions qui le représentent et quelles actions ne le représentent pas. Son but était de clarifier pour le monde moderne la véritable nature de l'Islam, et la nature du véritable Islam.

Afin de donner à cette déclaration une plus grande autorité religieuse, S.M. le Roi Abdullah Il a ensuite adressé les trois questions suivantes aux 24 savants religieux les plus éminents à travers le monde, représentant toutes les branches et les écoles de l'Islam : (1) Qui est musulman ? (2) Est-il permis de déclarer quelqu'un apostat (¤akfir) ? (3) Qui a le droit de délivrer des Fatwas (sentences juridiques) ?

Sur la base des fatwas prononcées par ces éminents savants (qui comprenaient le cheikh Al Azhar, l'Ayatollah Sistani et le cheikh Qardawi), en juillet 2005, SM le roi Abdullah Il a réuni une conférence islamique internationale, avec 200 des plus éminents érudits du monde islamique ('ulémas), venant de 50 pays. Depuis Amman, ces érudits ont rendu un jugement sur trois sujets fondamentaux (qui sont connus comme les `Trois Points du Message d'Amman')

1 - Ils ont spécifiquement reconnu la validité des 8 Mathhabs (écoles juridiques) de l'Islam Sunnite, Chiite et Ibhadite, de la théologie islamique traditionnelle (l'Ash'arism), de l'Islam Mystique (le Soufisme) et de la véritable pensée salafiste, et ils sont donc parvenus à une définition précise de qui est musulman.

2- Sur la base de cette définition, ils ont prohibé le Takfir (déclaration d'apostat) entre musulmans.

3- Sur la base des Mathahib, ils ont fait connaître les conditions préalables, subjectives et objectives, nécessaires pour émettre une fatwa, révélant ainsi les décrets ignorants et illégitimes prononcés au nom de l'Islam.

Ces trois points ont été ensuite adoptés de manière unanime par les dirigeants politiques et séculiers du monde islamique lors du sommet de l'Organisation de la Conférence Islamique qui s'est tenu à la Mecque en décembre 2005. En l'espace d'un an, de juillet 2005 à juillet 2006, les trois points ont été également adoptés à l'unanimité par six autres assemblées savantes islamiques à niveau international, culminant avec l'Académie Internationale du Fiqh islamique de Jeddah en juillet 2006. Au total, plus de 500 éminents érudits musulmans à travers le monde - comme vous pourrez le consulter bientôt in sha Allah sur le site www.AmmartMessapc.com-, - ont entériné à l'unanimité le Message d'Amman et ses trois points.

Cela représente un consensus religieux et politique (Ijma') historique, universel et unanime de l'Ummah (la Nation) de l'Islam aujourd'hui et un renforcement de l'Islam orthodoxe traditionnel. La signification de ceci, c'est (1) que c'est la première fois depuis plus d'un millier d'années que la Ummah est parvenue, de manière formelle et spécifique, à une telle inter-reconnaissance pluraliste et mutuelle, et (2) qu'une telle reconnaissance engage légalement sur le plan religieux les musulmans, puisque le Prophète (Que la Paix et les Bénédictions soient sur lui) a dit : « Mon Ummah ne s'accordera pas sur une erreur ».

Il s'agit là d'une bonne nouvelle, non seulement pour les musulmans à qui cela fournit une base pour leur unité et une solution aux querelles intestines, mais également pour les non-musulmans. Car, la sauvegarde des interprétations juridiques de l'Islam (les Mathahib) signifie nécessairement, par elle-même, la préservation de l'équilibre traditionnel des pouvoirs au sein de l'Islam. Cela assure ainsi des solutions islamiques équilibrées pour des questions essentielles telles que les droits de l'Homme ; les droits des Femmes ; la liberté de religion; le jihad légitime; la bonne citoyenneté des musulmans dans des pays non musulmans et un gouvernement juste et démocratique. Cela révèle également les opinions illégitimes des fondamentalistes radicaux et des terroristes du point de vue de l'Islam véritable. Ainsi que l'a déclaré George Yeo, le Ministre des Affaires étrangères de Singapour, lors de la 60e session de l'Assemblée Générale des Nations unies : « Sans cette clarification » il a dit « la guerre contre le terrorisme serait beaucoup plus difficile à mener ».

Finalement, alors que cela constitue, grâce à Dieu, une réalisation historique, elle se bornera au plan des principes si elle n'est pas mise partout en application. Pour cette raison, SM le Roi Abdallah II cherche à présent à la mettre en oeuvre, si Dieu le veut, à travers diverses mesures pragmatiques, notamment: (1) des traités ¯nter-islamiques ; (2) une législation nationale et internationale s'appuyant sur les trois Points du Message d'Amman pour définir l'Islam et prohiber le Takfir ; (3) l'usage de la publication et les supports multimédias dans tous leurs aspects pour diffuser le Message d'Amman ; (4) l'introduction du Message d'Amman dans le cursus scolaire et dans les cours universitaires à travers le monde, et enfin (5) son intégration dans la formation des Imams et dans les sermons des mosquées. Que Dieu l'aide à mener à bien sa tâche, ainsi que votre tâche, œonsieur le Président de la République. Dieu dit dans le Coran sacré

Au, nom de Dieu, le Miséricordieux, le Clément,


Il n'y a rien de bon dans beaucoup de leurs apartés, sauf celui qui ordonne une aumône, une action convenable ou une réconciliation entre les hommes. A celui qui agit ainsi pour plaire à Dieu, Nous donnerons une récompense magnifique. (Les Femmes, 4:114)

Merci beaucoup.





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