Déclaration du Deuxième Sommet France-Océanie adoptée le 26 juin 2006 à Paris

Déclaration du Deuxième Sommet France-Océanie adoptée le 26 juin 2006 à Paris


Les chefs d'Etat et de gouvernement et leurs représentants d'Australie, des Iles Cook, des Etats fédérés de Micronésie, de Fidji, de France, de Kiribati, de Nauru, de Niue, de Nouvelle-Zélande, de Palau, de Papouasie Nouvelle-Guinée, de la République des Iles Marshall, des Iles Salomon, de Samoa, de Tonga, de Tuvalu et du Vanuatu se sont réunis à Paris, le 26 juin 2006, à l'invitation de la France, pour le deuxième Sommet France-Océanie, auquel ont également participé les secrétariats respectivement du Forum des Iles du Pacifique, de la Communauté du Pacifique et du Programme régional océanien de l'Environnement, le Commissaire de l'Union européenne pour le Développement et l'Aide humanitaire, les collectivités françaises d'outre-mer du Pacifique, la Nouvelle Calédonie, la Polynésie française et Wallis-et-Futuna.

Les participants au Sommet ont discuté principalement de sujets d'intérêt commun concernant le renforcement des relations France-Pacifique et de la coopération régionale. Ils ont marqué leur conviction que la région du Pacifique a pleinement vocation à être une région de paix, d'harmonie, de sécurité et de prospérité économique, fondée sur les valeurs de la démocratie, le respect et la promotion des Droits de l'Homme et la bonne gouvernance. Ils ont décidé d'œuvrer ensemble afin de soutenir les objectifs du Plan Pacifique que les dirigeants du Forum des Iles du Pacifique ont adopté lors de leur réunion à Port-Moresby au mois d'octobre 2005, ainsi que les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Ils ont souligné la nécessité d'accentuer la croissance économique, de promouvoir le développement durable et de garantir la bonne gouvernance et la sécurité dans la région. Ils ont pris acte des défis politiques, économiques et environnementaux majeurs auxquels sont confrontés les Etats insulaires du Pacifique, ainsi que leur vulnérabilité face aux chocs extérieurs, et ont souligné la nécessité, en particulier, de faire face aux principales menaces environnementales qui sont des défis majeurs pour l'avenir des petits Etats insulaires en développement. Ils ont également reconnu l'importance d'encourager une croissance économique durable diversifiée, afin de réduire la pauvreté et encourager la prospérité. A la lumière de récents événements survenus dans la région, ils ont rappelé la Déclaration de Biketawa en 2000, dans laquelle les dirigeants du Pacifique se sont engagés à agir collectivement en réponse aux demandes d'aide en temps de crise.


Dans le respect de la souveraineté de chaque Etat, ils sont convenus de :

  • poursuivre et développer leur coopération pour renforcer la stabilité de la région Pacifique et soutenir les petits Etats insulaires en développement ;
  • renforcer la concertation et la coopération régionales entre les pays et territoires des îles du Pacifique et la coordination entre les institutions régionales, principalement par la mise en œuvre du Plan Pacifique et la promotion d'un régionalisme inclusif. Ils se sont félicités de la coopération régionale mise en oeuvre par les collectivités françaises du Pacifique, notamment grâce au Fonds de coopération économique, sociale et culturelle pour le Pacifique. Ils ont en outre souligné l'importance de l'harmonisation de l'aide entre les partenaires au développement, y compris l'Union européenne ;
  • stimuler une croissance économique durable et réciproquement bénéfique en renforçant l'intégration entre les pays du Forum des Iles du Pacifique et les Pays et Territoires français d'Outre-Mer (PTOM), et s'assurer qu'elle contribue à une intégration stratégique et positive dans l'économie mondiale. Ils sont également convenus que les Etats insulaires du Pacifique doivent être accompagnés dans leurs efforts d'accès aux marchés mondiaux, en particulier celui de l'Union européenne. A cet égard, ils ont souligné l'importance de parvenir à un Accord de Partenariat avec l'Union européenne qui réponde aux besoins en matière de développement et de commerce des parties et soit un outil efficace de développement dans la région Pacifique ;
  • promouvoir le développement durable et continuer à améliorer la gestion des catastrophes, en particulier en adhérant au Programme d'Action régional Pacifique pour la Capacité d'adaptation des Nations et des Communautés aux Catastrophes 2005-2015 ;
  • intensifier la lutte contre le réchauffement climatique, en envisageant en particulier des mesures d'adaptation, en prenant en compte les défis relevés par les dernières études scientifiques, notamment les rapports d'évaluation émis par le GIEC (Groupement intergouvernemental d'Experts pour l'évolution du Climat) et en adhérant à la Convention-cadre des Nations unies sur les Changements climatiques ainsi qu'au Cadre océanien d'Intervention sur les Changements climatiques 2006-2015 ;
  • reconnaître le besoin d'actions plus efficaces en faveur de l'environnement dans le système des Nations unies, grâce à davantage de coordination, de meilleures orientations politiques, un renforcement des connaissances, des évaluations et de la coopération scientifiques, une meilleure application des traités, tout en respectant leur autonomie juridique, et une meilleure intégration des actions environnementales dans le cadre plus général d'un développement durable au niveau opérationnel y compris par le renforcement des capacités ;
  • appuyer les efforts réalisés aux Nations unies pour étudier la possibilité de mettre en place un cadre institutionnel plus cohérent pour répondre à ce besoin, notamment une structure plus intégrée s'appuyant sur les institutions existantes et les instruments adoptés à l'échelon international ainsi que sur les organes conventionnels et les institutions spécialisées ;
  • préserver et gérer les ressources et les stocks halieutiques de la région Pacifique de façon à ce que ces ressources soient utilisées conformément aux impératifs du développement durable, dans l'intérêt de la région. Ils se sont félicités à cet égard de la coopération entre l'Australie, la France et la Nouvelle-Zélande dans la lutte contre la pêche illégale, qui profitera à l'ensemble de la région ;
  • développer une gestion durable des ressources agricoles et sylvicoles de la région vu leur rareté et leur vulnérabilité dans de nombreux Etats insulaires du Pacifique, au moyen des instruments de coopération existants et de nouvelles formes de coopération ;
  • renforcer la sécurité et la stabilité régionales au moyen de mesures collectives en réponse aux défis en matière de sécurité, et promouvoir la bonne gouvernance par une gestion transparente, efficace et responsable des ressources et des institutions régionales ;
  • rechercher et établir ou développer la coopération visant à renforcer les réseaux de communication numérique et électronique des Etats insulaires du Pacifique, étant donné les grandes distances géographiques et les difficultés de communication.

Dans le même esprit, ils attachent une importance particulière au soutien et à la promotion de projets de coopération, qui bénéficieront à la région Pacifique dans son ensemble, en association avec des organismes régionaux du Pacifique, notamment dans les domaines suivants :

  • santé : soutenir l'élaboration d'une stratégie d'ensemble en matière de santé pour la région Pacifique qui fixe des priorités de santé affectant les pays et territoires insulaires du Pacifique, et un fond de santé du Pacifique pour lutter contre les nombreux problèmes de santé auxquels le Pacifique est confronté ; poursuivre la lutte contre l'extension des maladies endémiques, contagieuses et non contagieuses, dans la région, en particulier le VIH-SIDA au moyen de la Stratégie régionale contre le VIH-SIDA ; être mieux préparé aux épidémies par l'extension du Projet régional océanien pour le développement d'une réponse appropriée aux épidémies ("PREPARE") ; soutenir les établissements de formation aux métiers de la santé dans la région, comme l'Ecole de Médecine à Fidji et la faculté de médecine de l'Université de Papouasie-Nouvelle-Guinée ;
  • protection de l'environnement : promouvoir et mettre en œuvre l'initiative Corail pour le Pacifique sud (CRISP) consacrée à la gestion et la conservation des récifs coralliens ; encourager et développer les réseaux franco-océaniens consacrés à la sauvegarde et à la gestion des récifs coralliens ; promouvoir et soutenir des politiques et programmes en matière de gestion des déchets dans les Etats insulaires du Pacifique ; soutenir le programme européen visant à "réduire la vulnérabilité des Etats insulaires du Pacifique" ; et promouvoir le développement d'énergies renouvelables, mais à des coûts supportables ;
  • agriculture et sylviculture : renforcer les capacités et accroître les transferts de technologie dans l'agriculture, et promouvoir des pratiques de gestion durable des forêts, notamment la certification des forêts ;
  • gestion des risques en cas de catastrophes : continuer d'améliorer la vigilance, les réponses, la planification et les systèmes d'alerte précoces pour les catastrophes naturelles, notamment grâce à l'accord FRANZ entre la France, l'Australie et la Nouvelle Zélande ; et renforcer le système d'alerte et d'atténuation des effets des tsunamis, ainsi que toutes les actions nationales dans ce domaine ;
  • sécurité : améliorer la sécurité aérienne et maritime dans la région ; développement de la coopération en matière de mouvements de populations illégaux ; et renforcement de la lutte contre le terrorisme, notamment au moyen d'initiatives comme le Groupe de Travail du Forum des Iles du Pacifique sur le Contre-terrorisme et l'Opération READY PASIFIKA ;
  • coopération en matière de formation et développement : ce secteur restera une priorité pour les partenaires au développement dans les domaines de l'éducation, la coopération universitaire, la recherche, notamment par le développement des programmes de formation et d'éducation techniques et professionnelles (TVET) ; et utiliser les initiatives régionales du Pacifique pour l'Education élémentaire (PRIDE) soutenues par l'Union européenne, lorsque c'est nécessaire, en tant que modèle d'aide à l'enseignement élémentaire, et mises en œuvre par l'Université du Pacifique Sud.
  • pêche : mettre en oeuvre la Déclaration France-Australie-Nouvelle-Zélande de Coopération en matière de surveillance maritime et de lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée dans la région du Pacifique insulaire, les programmes européens PROCFISH pour les ACP et PTOM (Pacific Regional Oceanic and Coastal Fisheries Development Programme) et DEVFISH pour les ACP ( Development of Tuna Fisheries in the Pacific) ; et continuer de développer l'Organisation de Gestion des pêcheries régionales du Pacifique Sud (RFMO) ; renforcer et compléter les capacités de surveillance existantes des zones économiques exclusives dans le Pacifique, y compris par des moyens satellitaires ;
  • conservation des espèces et de leur habitat : étudier les mesures visant à promouvoir la conservation des espèces marines menacées, telles que la mise en place de zones protégées ;
  • coopération économique et commerciale : soutenir le développement des infrastructures régionales, et renforcer et promouvoir le tourisme et l'investissement régionaux ;
  • communication : soutenir la Stratégie Numérique au titre du Plan Pacifique et les efforts visant à répondre à l'immense défi en matière de communication auquel sont confrontés les Etats et Territoires insulaires du Pacifique et les organisations régionales du Pacifique ;
  • culture : mettre en valeur l'identité océanienne, soutenir la mise en œuvre de la stratégie culturelle régionale au titre du Plan Pacifique et appeler à une initiative internationale pour aider les Etats de la région à protéger, préserver et promouvoir leur savoir traditionnel et les expressions traditionnelles de leur culture, notamment leurs sites monumentaux, en concertation avec l'UNESCO.

Les parties participant au Sommet sont convenues de mettre en place un processus de consultation suivi pour continuer à développer le programme de coopération défini par la présente déclaration et pour développer encore et accroître la relation entre le Forum, la France et les territoires français du Pacifique. Ils se félicitent des candidatures et de l'intérêt de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française au statut de membre associé et de Wallis-et-Futuna au statut d'observateur au Forum des Iles du Pacifique, qui seront étudiées par les Leaders du Forum en octobre 2006.





.
dépêches AFPD3 rss bottomD4 | Dernière version de cette page : 2007-04-17 | Ecrire au webmestre | Informations légales et éditoriales | Accessibilité