Discours du Président de la République du Mali.

Discours de M. Amadou Toumani TOURE, Président de la République du Mali à l'occasion de la Conférence de Paris sur les financements innovants du développement.

Paris, le 28 Février 2006

Monsieur le Président de la République Française et Cher Ami Jacques CHIRAC,
Monsieur le Président en Exercice de l'Union Africaine, Mon Cher Frère Dénis Sassou N'GUESSO,
Monsieur le Secrétaire Général des Nations-Unies, Cher Aîné Kofi Annan, honorables invités,
Excellences, Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi, tout d'abord, de joindre ma voix à toutes celles qui ont déjà salué l'heureuse initiative du Président Jacques CHIRAC d'organiser cette conférence sur les « financements innovants du développement » et d'y avoir convié le Mali.

Nous apprécions hautement cette marque d'estime et d'amitié, et vous le savez Monsieur le Président: ce sont les mêmes sentiments que nous vous portons personnellement ainsi qu'à la France.

Par delà l'organisation de cette importante rencontre, le Mali tient surtout à magnifier le rôle éminent du Président CHIRAC et de la France dans le plaidoyer politique en faveur de nouveaux mécanismes de financement du développement.

Ce combat résulte de la conviction partagée par toute la communauté internationale, que l'atteinte des objectifs du Millénaire pour le Développement, passe par la mobilisation de ressources autres que l'aide publique au développement.

Au 23ème sommet des chefs d'Etat d'Afrique et de France, tenu à Bamako en décembre 2005, nous avions fait le constat, que les seuls efforts budgétaires ne nous permettrons pas d'atteindre les objectifs du développement du Millénaire, dont la réalisation nécessitera, au moins, le doublement de l'aide publique au développement.

Dès lors, la question à laquelle nous devons apporter une réponse est bien celle-ci : quelles autres ressources mobiliser dans le cadre de l'aide publique au développement et qui ne soient pas seulement d'origine budgétaire ?

C'est tout le sens de la Conférence de Paris qui, nous l'espérons, sera une étape décisive dans le raffermissement du consensus autour des financements innovants du développement, seul moyen de promouvoir une mondialisation solidaire.

Excellences, Messieurs les chefs d'Etat et de Gouvernement, Monsieur le Secrétaire général de l'ONU,
Mesdames, Messieurs,

En nous engageant à atteindre les objectifs du Millénaire pour le Développement en 2015 nous avons suscité de légitimes espoirs dans l'ensemble du monde en développement. Nous n'avons pas le droit de les décevoir sous peine d'aggraver la fracture Nord-Sud et de creuser davantage le fossé au sein de nos propres sociétés avec des risques incalculables pour la gouvernance et la stabilité des États.

Un peu plus de cinq ans après le Sommet du Millénaire, il est incontestable que des progrès non négligeables ont été réalisés, mais force est de reconnaître, que de nombreux pays, en Afrique et ailleurs, ont une grande partie de leurs populations qui vit dans l'extrême pauvreté.
Les objectifs du Millénaire pour le Développement constituent le plus sûr moyen d'accélérer la marche des peuples africains, vers le bien-être à travers :

- l'appui à la réalisation des infrastructures de base dans les domaines des routes, des transports, de l'énergie et de la communication, infrastructures sur lesquelles tout le reste se construit.
- l'aide à la modernisation du secteur productif, notamment l'agriculture, pour la réalisation de la souveraineté alimentaire,
- l'accroissement des revenus des populations les plus pauvres,
- la création massive d'emplois pour les Jeunes,
- la promotion du capital humain, par le soutien aux secteurs sociaux: la santé, de l'éducation et le renforcement des capacités.

La finalité, pour un pays comme le Mali, c'est de créer un environnement, où les routes assurent le désenclavement, où la production agricole cesse d'être tributaire des aléas climatiques, où l'accès l'eau potable et aux commodités, comme l'électricité et le téléphone cesse d'être un luxe.

Les projets de développement dans les secteurs que je viens d'énumérer, ont besoin de financement stable, adéquat et prévisible dans la durée.

Excellences, Messieurs les chefs d'État et de Gouvernement, Mesdames, Messieurs,

Dans cette quête de ressources nouvelles, il faut rendre un hommage mérité à la France, qui a su montrer la voie à travers la contribution de solidarité sur les billets d'avion qui sera prélevée à partir de juillet 2006.
Cette démarche pionnière est aussi une belle preuve d'engagement, qui doit inspirer tous les États.
Pour sa part le Mali proposera, à l'issue de la Conférence de Paris, des concertations sous-régionales au sein de l'Union économique et monétaire Ouest-Africaine pour l'adoption de mesures entrant dans le cadre des financements innovants du développement.


Vous pouvez compter sur notre détermination à nous impliquer activement dans ce vaste mouvement solidaire dont nos pays sont les premiers bénéficiaires. La mise en place de nouveaux mécanismes de financement du développement, sera le meilleur témoignage de la capacité de nos États à opérer le sursaut indispensable dans la lutte contre la pauvreté. Mais le défi ne se résume pas seulement à une mobilisation de ressources, il consiste aussi pour les pays en développement, d'Afrique ou d'ailleurs, à assumer toute leur responsabilité pour une bonne gestion des moyens mis à la disposition de nos États.
La lutte contre la corruption en est une dimension importante.

Monsieur le Président de la République française, Monsieur le Président en exercice de l'Union Africaine, Messieurs les chefs d'États et de Gouvernement, Monsieur le Secrétaire général des Nations-Unies, honorables invités, Excellences, Mesdames, Messieurs,

Nous vivons dans un monde marqué par une production de richesse financière et matérielle jamais égalée dans l'histoire. Nous vivons aussi dans un monde, ce même monde, où l'exclusion de centaine de millions d'hommes reste une forte interpellation pour la conscience humaine.

Nous avons, pays du Nord comme du Sud, l'ardente obligation de réduire cette fracture qui porte en elle les déséquilibres qui menacent notre planète. La réalisation des objectifs du Millénaire, qui correspondent à nos besoins essentiels de développement, sera la meilleure réponse aux attentes qui s'expriment. Nous pouvons encore dans bien des domaines tenir le rendez-vous de 2015.
La vision, l'engagement et la détermination ne nous font pas défaut.
II reste à les traduire en actes, comme nous y invitent la France et le Président Chirac, que je tiens, encore une fois, à féliciter pour l'initiative de la présente Conférence à Paris.

Je vous remercie de votre attention !





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