Entretien avec le secrétaire général de l'OTAN ( extraits de l'interview du Président de la République au "New York Times" )

22.09.2003 : extraits de l'interview du Président de la République au "New York Times"

Palais de l'Elysée - mercredi 19 novembre 2003

“ QUESTION - La création d'une politique de défense commune en Europe, cela a été mal compris aux Etats Unis, parce qu'on dit que c'est en dehors de l'OTAN, que ce n'est pas très efficace, très responsable de créer une défense commune ?

LE PRESIDENT - Vous savez, un ensemble politique doit avoir les moyens de sa défense. Nous avons nous deux problèmes. Le premier c'est que l'évolution du monde rendra de plus en plus nécessaire, pour des raisons de culture, je vous l'ai dit, la cohésion et la cohérence entre les Etats-Unis et l'Europe. C'est une première exigence, et, nous ne devons donc rien faire qui puisse mettre en cause le lien transatlantique, l'existence de l'OTAN, etc. Cela, c'est une chose évidente. D'ailleurs, la France elle-même a beaucoup évolué dans ce domaine y compris en acceptant que l'OTAN intervienne en Afghanistan, peut-être demain en Iraq. Autrement dit, en remettant en cause le principe de la responsabilité géographique. De même, nous avons accepté de rentrer dans la Force de Réaction Rapide de l'OTAN (NRF). Chacun évolue. Donc cela est la première exigence.

D'autre part, il est tout à fait évident qu'il peut y avoir des cas où nous devons intervenir alors que nos amis de l'OTAN ne veulent pas intervenir. Alors là comme faire ? Il faut bien que l'on ait une capacité de commandement, de planification et d'intervention.

Nous l'avons vu en Macédoine récemment. Nos amis américains nous disent qu'il faudra que nous assumions dorénavant les Balkans. On peut les assumer, mais comment ? Avec une flûte ? Nous l'avons vu en Afrique, il faut que nous ayons un système, une politique européenne de défense.

C'est le processus que nous avons engagé. C'est d'ailleurs l'un des sujets que nous avons évoqués fortement hier, avec Tony BLAIR et Gerhard SCHROEDER. Nous sommes pratiquement d'accord sur tout. Et cette Europe de la défense, elle se fera quoi qu'il arrive. Vous savez quand il y a quatre ou cinq ans, nous avons décidé à Saint-Malo, Tony BLAIR et moi de lancer l'Europe de la défense, je me souviens de tous les articles dans la presse française où l'on disait : cela n'a pas de sens, d'ailleurs les autres pays ne veulent pas. Maintenant tout le monde est d'accord. Là encore, c'est inévitable. Il ne faut jamais se battre contre l'inévitable. Cela n'a rien de désagréable pour les Américains. C'est vraiment faire preuve d'une méconnaissance des choses que d'imaginer que cela puisse être contradictoire, avec par ailleurs le lien transatlantique et la solidarité transatlantique. L'idée qu'ont certains Américains -heureusement, je crois que c'est une minorité- que dès que l'on fait quelque chose c'est contre eux, c'est très curieux. Ils sont tout de même suffisamment forts pour ne pas avoir en permanence peur que l'on fasse quelque chose de désagréable. C'est très curieux comme réaction. Moi, chaque fois qu'on réagit contre la France, je n'ai pas peur.

QUESTION - Mais les Européens, les citoyens d'Europe ne veulent pas dépenser plus d'argent pour la défense. D'ailleurs, ils ne sont pas convaincus qu'il y ait une menace réelle ?

LE PRESIDENT - Mais, cela ils vont y arriver. Pour le moment, il n'y avait que l'Angleterre. Nous, on avait beaucoup baissé, on remonte. Les Allemands avaient beaucoup baissé, ils remontent. Et l'un des espoirs que nous avons dans les aménagements nécessaires des règles de gestion de l'Europe consiste notamment à essayer de les encourager. C'est tout à fait dans l'intérêt de l'OTAN. C'est l'intérêt des Etats-Unis, car on a pas intérêt à avoir un partenaire faible. On a intérêt à avoir un partenaire fort. ”





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