22.06.1997 : Extrait de la conférence de presse du Président de la République à l'issue du sommet des Huit (Denver)

22.06.1997 : Extrait de la conférence de presse du Président de la République à l'issue du sommet des Huit (Denver)

" Le premier [sujet], c'est l'environnement. J'en dis un mot parce que lors de notre point de presse d'hier, on s'était posé des questions et je vous avais dit qu'il y avait une forte divergence de vue entre d'une part les européens et d'autre part les Américains, avec une position japonaise et une position canadienne, de compromis.

Deux sujets étaient en cause, le premier c'était la protection de la forêt. Vous savez qu'il y a six ou sept ans, on avait décidé de faire un accord international pour permettre la protection de la forêt et les Européens étaient très attachés à cet accord, très déterminés à ce qu'il voit le jour.

D'autres pays, comme les Etats-Unis n'y étaient pas favorables pour des raisons liées à la liberté d'action économique. Le Chancelier KOHL d'ailleurs évoquera ces problèmes lors de son discours demain à New York à l'Assemblée générale des Nations Unies. Eh bien, nous avons obtenu satisfaction. Ce qui prouve que l'Europe Unie peut poser un point de vue et l'accord sur la lutte contre la déforestation abusive sera passée.

Même chose pour les gaz à effet de serre car nous sommes très inquiets du développement de l'émission de gaz à effet de serre qui peuvent avoir comme conséquence le réchauffement de la planète et un réchauffement de la planète même de deux ou trois degrés aurait des conséquences terrifiantes. D'une part, en terme de désertification, des zones entières pourraient se désertifier ou en terme d'inondation des zones entières, comme par exemple au Bangladesh, 150 millions d'habitants ou d'autres, compte tenu de la hauteur par rapport au niveau de la mer, pourraient être totalement inondés. Donc, cela a des effets très importants.

Vous savez que l'Europe avait - beaucoup d'ailleurs à l'initiative de la France, qui est l'un des pays les moins pollueurs du monde - pris une grande décision qu'elle a confirmée au sommet d'Amsterdam. C'est passé relativement inaperçu parce qu'il y avait d'autres enjeux à Amsterdam. Mais c'était une grande décision puisque nous avons décidé qu'en 2010 nous aurions, en Europe, baissé notre taux d'émission de Co² de 15 %. Ce qui est évidemment considérable et nous fait revenir dans une zone que les experts et les savants considèrent comme normale.

Mais les Etats-Unis n'étaient absolument pas favorables à une mesure contraignante et surtout à une date. Ils ne l'étaient pas parce qu'ils polluent énormément, ce sont de très grands pollueurs en matière de Co². Pour vous donner une idée chaque Américain émet trois fois plus de Co² que chaque Français. Il faut dire que la France est un pays relativement exemplaire ce qui est dû d'ailleurs, d'une part à l'électronucléaire - nous avons une production d'énergie électrique qui n'est pas polluante, contrairement à la plupart des autres pays - et puis aussi nous avons depuis longtemps accepté des contraintes fortes sur nos entreprises pour diminuer l'émission de Co² et la pollution de cette nature.

Donc, l'Europe avait pris cette position et nous avons eu un débat très difficile avec les Américains ce matin et finalement c'est la position française qui a été adoptée c'est-à-dire que l'on a décidé qu'en 2010 il devrait y avoir des diminutions substantielles d'émission de Co². Cela a été très difficile, cela a été un débat très difficile, mais qui prouve également que lorsque l'Europe est solidaire et cela a été le cas ce matin, totalement solidaire, derrière la position que nous avions prise et soutenue, eh bien, elle peut obtenir satisfaction. Je cite cet exemple parce que c'est intéressant et cela nous encourage à avoir une concertation et autant que faire se peut, des positions, ce qui est de plus en plus le cas, homogènes en Europe et nous pouvons par là même modifier le cours des choses dans le monde y compris à l'égard des Etats-Unis.

QUESTION - Vous avez parlé d'une victoire européenne dans la discussion sur le climat. Cela dit, Jacques Santer a émis une déclaration disant qu'il était très déçu que le Groupe n'ait pas pu se mettre d'accord sur une réduction quantitative dans les émissions des gaz à effets de serre, vous avez des dates mais pas de chiffre. Espérez-vous pouvoir obtenir un chiffre d'ici à Kyoto, et pensez-vous qu'il s'agit toujours d'une victoire ou d'une demi victoire ?

LE PRESIDENT - Je vais vous dire, très franchement, ce n'est ni une victoire, ni une demi victoire, parce que naturellement il est facile de développer le thème selon lequel il y a des luttes ou des guerres entre nous, ce n'est pas le cas.

Il y avait une position américaine qui était hostile, d'une part à ce que l'on dise que les réductions d'émission de gaz à effets de serre devaient être substantielles, et d'autre part hostile à la fixation d'une date. L'Europe, elle, proposait qu'on confirme la baisse de 15%, qu'elle s'est imposée à elle-même et qu'elle a arrêtée à Amsterdam, et qu'on fixe comme délai pour atteindre ce résultat, dès maintenant, sans attendre Kyoto 2010.

J'ai estimé pour ma part, que ce qui était important, c'est d'engager un processus et de fixer une limite. 2010 devait être maintenue et conservée, c'est cela qui a donné lieu à la discussion de ce matin qui, c'est vrai, n'a pas été facile, mais qu'à partir de là nous n'avions aucune raison d'imposer le chiffre que l'Europe s'impose à elle-même, cela peut se négocier, à partir du moment où il est admis que les réductions sont substantielles et qu'il y a un butoir qui est 2010.

Alors finalement, en fin de discussion, la proposition française a été adoptée et je crois que c'était une proposition raisonnable. Ce n'est une victoire pour personne ou une défaite pour personne, alors le Président de la Commission, je le comprends, lui, aurait préféré qu'on aille plus loin, moi aussi. Mais il faut naturellement être raisonnable. C'est déjà je dois dire, un grand sacrifice fait par la partie américaine d'accepter qu'il y ait des réductions substantielles, d'ici à 2010. "





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