Extrait de l'interview télévisée du Président de la République à l'occasion de la Fete nationale (Palais de l'Elysée - Vendredi 14 juillet 2000
QUESTION - Était-il, Monsieur le Président, indispensable de dérouler le tapis rouge sous les pieds du Président algérien M. BOUTEFLIKA, qui est reparti de Paris les mains vides,
selon lui, et surtout en traitant de collaborateurs les harkis qui se sont battus pour la France. Est-ce que vous condamnez ces propos, est-ce que l'État doit demander pardon aux
harkis ?
LE PRÉSIDENT - L'Algérie a depuis longtemps avec nous des relations très délicates, difficiles, pour des raisons qui tiennent plus à la susceptibilité qu'au fond. Car ma
conviction, c'est que le peuple algérien et le peuple français ont toutes les raisons de s'entendre. Bien. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour rétablir, parce que c'est notre
intéret et que c'est l'intéret aussi du Maghreb, des relations normales, amicales, avec l'Algérie comme nous en avons avec le Maroc ou avec la Tunisie. C'est indispensable, là
aussi, pour la paix, pour la paix en Afrique du Nord, pour le développement, pour l'harmonie et pour les relations que nous avons nous-memes avec ces deux pays. Et donc je me suis
beaucoup réjoui de la décision prise par le Président BOUTEFLIKA de venir en France. À partir du moment où il venait, il ne vous échappe pas que nous ne pouvions que le recevoir
avec les honneurs dus à son rang.
QUESTION - Et sur les harkis ?
LE PRÉSIDENT - Alors il a eu sa phrase sur les harkis. Eh bien, je ne vous cache pas que cette phrase m'a choqué. Elle m'a choqué, c'est vrai, les harkis sont des Français à
part entière, ils bénéficient à juste titre du respect et de la reconnaissance de la communauté nationale française. Ils ont par définition, les memes droits, comme
d'ailleurs les memes devoirs, que tous les Français, et on ne peut pas les écarter.